Spiritualité

AU CŒUR D’UNE COMMUNAUTE FRATERNELLE


Au début de l’année formative 2008-2009, nous avions formulé notre projet de vie communautaire autour de ce thème : « Avec le Christ, bâtissons une communauté fraternelle, dans la confiance et le dialogue ». Nous voilà à la fin de l’année ; l’heure du bilan a sonné. Nous vous présentons, dans cet article, ce qu’a été notre aventure. Ainsi, espérons-nous partager une expérience de vie qui puisse, en ses points négatifs et positifs, être profitable aux communautés religieuses, et à d’autres groupes humains.

Le 14 septembre 2008, à la fête de la croix glorieuse, nous nous sommes retrouvés réunis au scolasticat combonien « Bienheureux Isidore Bakanja » à Kinshasa. Nous étions au nombre de 27 personnes, en provenance de 3 continents et de 17 nations. Un nombre si élevé des membres dans une communauté offre évidemment une grande variété des différences interpersonnelles : des structures mentales, des langues vernaculaires, des cultures, des éducations familiales, intellectuelles, religieuses, et même des habitudes culinaires… multiples.

Le fait de nous retrouver physiquement dans une même maison nous a permis, dès le début, de nous rendre compte que c’est le Seigneur qui nous a réunis. Il nous a appelés de différents coins du monde pour nous constituer en une communauté. Cette prise de conscience nous a aidés à affronter et à surmonter le choc des différences, en nous accueillant et acceptant mutuellement au nom de Celui qui nous a unis, la Sainte Trinité : Père, Fils et Saint Esprit.

La contemplation de la communion trinitaire nous a inspirés et a soutenu notre effort de bâtir une communauté fraternelle. Pour y parvenir, nous avons misés sur les moments des prières personnelles et communautaires. Concrètement, nous nous sommes fixés de prier les uns pour les autres. Une liste des membres de la communauté a été remise et a été conservée par chacun dans un manuel de prière quotidienne (une bible, un missel ou un bréviaire) de sorte à l’avoir toujours sous les yeux afin de prier les uns pour les autres. Quant aux prières communautaires, nous les avons animées à tour de rôle. Selon l’initiative de l’animateur du jour, un aspect du projet était médité et présenté à toute la communauté comme intention de prière avant les différents moments des prières (les laudes, les vêpres, le chapelet, l’adoration ou la célébration eucharistique).

Les récollections mensuelles ont été aussi des moments importants où nous avons réfléchi et prié davantage sur l’un ou l’autre aspect de notre projet de vie communautaire. Aidés par un prédicateur extérieur, nous avons, par exemple, médité et prié sur ces thèmes : « Le Christ, fondement, forme et guide de notre vie fraternelle », « La communauté fraternelle, lieu ou l’on devient frères », « Devenir cénacle d’apôtres comme le veut saint Daniel Comboni », ou encore « Les fruits de l’Esprit pour bâtir la communauté, à l’instar de Marie ».

Dans la vie concrète, l’incidence de ces pratiques spirituelles, s’est faite sentir comme des grâces ou des attitudes favorisant la communion fraternelle. A titre d’illustration, nous pouvons mentionner le pardon mutuel. En effet en tant que groupe humain, notre communauté a aussi vécu des moments de tension, des incompréhensions, de méfiance, d’indifférence… Mais la grâce du pardon nous a permis de les surmonter. Par exemple, les disputes tenues lors des conseils de communauté, ne nous ont pas divisés, ni empêchés de continuer à vouloir bâtir une communauté fraternelle.

Nous pouvons encore mentionner une autre grâce ou attitude remarquable dans la communauté, c’est la joie. Beaucoup des personnes extérieures qui se sont approchées de nous et qui ont partagé avec nous quelques moments ou activités comme les catéchèses, les célébrations eucharistiques, les soirées culturelles, les moments récréatifs, les repas… nous l’ont fait savoir. Cette joie est, sans nul doute, un fruit de la vie spirituelle, c'est-à-dire des relations entretenues entre le Seigneur et la communauté.

Au terme de cette brève évaluation de notre aventure annuelle, nous pouvons conclure en rappelant la vérité contenue dans le premier verset du psaume 127 (126) : « Si Yahvé ne bâtit la maison, en vain peinent les bâtisseurs ; si Yahvé ne garde la ville, en vain la garde veille ». Qu’il soit béni, le Dieu qui nous a fait sortir de nos terres, familles et cultures et nous a unis en communauté. Malgré nos différences, Il nous a soudés dans une fraternité enrichissante, miséricordieuse et combonienne. Il nous a réconfortés dans les impasses, les faiblesses et les difficultés de tout genre. Sa joie et son pardon nous ont nourris et soutenus.

P. Stéphane KAMANGA