Reflections


Aie confiance ! Lève-toi ; il t’appelle.




Comme Bartimée, fils de Timée, nous sommes aussi fils ; nous tirons notre filiation de quelqu’un.

Assis, il l’est au bord du chemin, nous aussi dans ce monde que l’aveuglement nous empêche de comprendre et d’apprécier à sa juste mesure ; Aveuglé, nous n’arrivons pas à placer ce monde où il doit être.

Il est comme nous au bord du chemin ; celui de Jéricho où tout passe sans que nous arrivions à saisir quelque chose de concret ; un bord de chemin où tout nous échappe. Assis de mendicité, une mendicité jamais assouvie, une main toujours tendue pour recevoir tout ce qui lui est offert sans jamais savoir rien rejeter au préalable, faute de discernement.

Nous voici donc, assis dans nos misères que nous cherchons à taire par d’autres misères ; celles que nous offre ce monde tel qu’il est et qui nous tient toujours aliénés :

Aliénés à notre bord de chemin de Jéricho ;

Aliénés à notre aveuglement ;

Aliénés à notre mendicité, notre main tendue ;

Aliénés à nos généreux donateurs toutes catégories confondues.

Et voilà que ce bord du chemin est si fier de nous tenir là, aliéné, qu’il ne veut pas nous laisser aller, à la suite de la Vie. Il nous empêche de crier vers Lui, vers Celui qui passe et qui est capable de nous tirer de ce bord de chemin. Il regrette, en dépit de notre aveuglement, notre non surdité… ce bord de chemin nous veut non seulement aveugles, mais aussi sourds-muets ; incapable de crier vers la Vie, voire l’écouter quand il nous appelle.

Heureusement pour nous, cela lui a échappé ; le cri est parti : « Fils de David, Jésus, aie pitié de moi » ; puis, voilà que c’est lui même qui nous appelle à lui. Puis, merveilleux et sublime qu’il est, il fait usage pour nous mener à lui de ce qui nous retenait là au bord du chemin, ce qui nous empêchait de lever la voix vers lui ; Ainsi, ceux-là même qui rabrouaient Bartimée lui diront : « Aie confiance, lève toi, il t’appelle ».

Voilà donc, qu’en Christ, tout ce qui nous abaissait nous élève ; en lui, nos situations de mort se transforment en des situations de renaissance.

Que de fois, à l’instar de Paul, crions-nous : « Malheureux homme que je suis ! Qui me délivrera de ce corps qui me voue à la mort ? » (Rm 7, 24). Qui peut me tirer de ce bord de chemin ? Ce bord de chemin qui m’empêche de m’en aller ; ce bord de chemin qui ne me fait sentir que des passages que je ne puis atteindre ?

Et à toi de nous répondre : «  ma grâce te suffit !» 2 Cor 12,9 ; de tes cendres je peux faire surgir le feu qui purifie ; de la puanteur de tes eaux, je peux faire un parfum d’agréable odeur ; ta mort deviendra ta vie.

Alors résonne à nos oreilles intérieures l’interrogation : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? »

« Que je recouvre la vue » ;  la vue pour voir ce monde tel qu’il est ; la vue pour découvrir ce qui m’aliène et me rétrograde ; la vue pour te voir, Toi. La vue pour ne plus demeurer sur ce bord de chemin mais pour cheminer à ta suite, mes pas dans tes pas, dans l’éclat de ta lumière.

Amen



Sc. Alex Canisius METIN